Quelle essence pour la bière parfumée au libre ?

Des jeunes danois viennent de lancer selon eux la première bière « Open Source ». La formule de VoresØl (« Notre bière »), boisson à base de guarana, est publiée sous la licence Creative Commons BY-SA. Selon cette licence n'importe qui peut utiliser la recette pour faire la bière ou créer un dérivé de la recette. La bière pouvant toujours être vendue bien sûr. La seule condition est de publier la recette modifiée selon les mêmes termes de la licence (notion de « partage à l'identique » popularisée notamment par le copyleft et la licence GNU GPL dans le domaine du logiciel) et de citer les auteurs d'origine. La bière danoise est bien dans l'esprit du mouvement du logiciel libre. Serait-ce le cas si le parfum utilisé avait été l'une des autres essences disponibles dans la trousse à outils « Creative Commons » ?

Rappelons en effet qu'il n'existe pas une licence Creative Commons, mais que Creative Commons propose un ensemble de licences permettant certains usages définis par les auteurs, parmi une dizaine de possibilités combinées autour de quatre pôles :

- attribution (signature de l'auteur initial),

- commercial (interdiction ou non de tirer un profit commercial de l'oeuvre),

- oeuvre dérivée (possibilité de modifier l'oeuvre ou de l'intégrer tout ou partie dans une oeuvre composite ),

- partage à l'identique(obligation de rediffuser selon la même licence).

Le mouvement Creative Commons annonce s'inspirer du mouvement du logiciel libre et des licences de logiciels libres. Le logiciel libre est un mouvement qui, en effet, selon de nombreuses personnes, doit dépasser les frontières du monde informatique.

Seulement on oublie un peu hâtivement que le logiciel libre est parfaitement défini (en dehors de toute licence) par quatre libertés fondamentales :

- utilisation : la liberté d'utiliser/exécuter le logiciel pour quelque usage que ce soit.

- étude : la liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à vos besoins.

- redistribution : la liberté de redistribuer des copies.

- modification : la liberté d'améliorer le programme, et de rendre publiques vos améliorations de telle sorte que la communauté tout entière en bénéficie.

Les licences de logiciels libres garantissent les quatres libertés fondamentales du logiciel libre. Ainsi, par exemple, aucune licence de logiciel libre ne peut restreindre un usage commercial de l'oeuvre.

Mais, quelles sont les libertés fondamentales dans le mouvement Creative Commons ? En fait Creative Commons propose une boîte à outils dans laquelles les auteurs peuvent choisir l'outil qui leur convient pour diffuser leurs oeuvres, mais sans libertés fondamentales à respecter. Ainsi dire, que l'on diffuse une oeuvre sous une licence Creative Commons ne veut rien dire et n'informe en rien sur les libertés dont on dispose.

Le logiciel libre a développé une communauté et un mouvement social basé sur quatre libertés fondamentales. Mais quelles sont les libertés fondamentales pour les oeuvres non logicielles ? Quelles sont ces libertés que toute licence devrait respecter et garantir ? Lorsqu'on aura défini ces libertés, un vrai mouvement du libre pourra se développer en dehors du cadre du logiciel.

Les artistes auteurs de la Licence Art Libre n'ont ainsi pas fait l'économie d'une telle réflexion.

Mais dans notre cas, peut-être que la seule vraie question qui se pose est : peut-on encore espérer inventer une bière après la Guinness ?

Références :

- « Notre bière »

- Article de Libération

- Creative Commons

- Définition du logiciel libre

- Licence Art Libre

Richard Stallman : « "Free software" is a matter of liberty, not price. To understand the concept, you should think of "free" as in "free speech", not as in "free beer". »

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